Comment vivre le Yoga avec le miroir des Yoga-Sutra de Patanjali
Article écrit par Axelle, professeur de yoga en première année de formation dans l'Ecole de Yoga Catherine Douat, © copyright Janvier 2024
Pour moi celui qui ouvre les Yoga-Sûtra y trouve ce qu'il souhaite connaître. En effet, le texte s'adresse au lecteur en le prenant là où il est, et lui permettra d'atteindre un point qu'il n'avait jamais atteint. Il s'agit de comprendre la vision de la vie qui est exposée, de réfléchir sur l'ensemble des aspects de notre propre existence humaine, pour ensuite être guidé vers la vision juste de ce que nous sommes. En quelque sorte les Yoga-Sûtra donnent une méthode qui permet à chacun de cheminer vers le développement d'une spiritualité éclairée.
On rentre dans les Yoga-Sûtra par la porte que l'on souhaite. Chaque aphorisme est porteur de sens, et ce sens que l'on y portera peut s'affiner au fur et à mesure de notre pratique. La compréhension d'hier n'est peut-être pas celle d'aujourd'hui et ne sera peut-être pas celle de demain. Le but est de sortir d’Avidyā, cette connaissance erronée que nous croyons vraie et qui est cause de nos souffrances.
Grâce au souffle, aux postures et à la méditation, conjointement exercées, nous pouvons nettoyer le citta des pensées, mémoires, croyances, émotions, désirs, regrets, ... qui le colorent et troublent notre vision.
Yogah citta vrtti nirodhah
Le Kriya yoga c'est laisser l'action se dérouler sans chercher à en tirer des fruits, dans notre quotidien. L'engagement se fait dans trois directions fondamentales et complémentaires :
- Tapas : l’élimination des impuretés du corps pour avoir une bonne santé physique et psychique. Cela consiste dans la mise en place d'une discipline de vie comprenant une pratique quotidienne : postures, exercices de respiration ainsi qu'un regard conscient sur la façon dont je me nourris.
- Svādhyāha : persévérer dans la connaissance de soi. La méthode consiste selon moi à opérer un retournement de l’attention vers ce qui est porteur de vie en Soi. Cette capacité s'acquiert par la lecture de textes, l'écoute ou le chant de mantra, la méditation, puis dans chaque action de la vie quotidienne par le maintien d'une posture de témoin objectif de ce qui est observé sans se juger, avec lucidité. Arrive le moment où l’on commence à percevoir la réalité de ce que nous sommes.
- Īśvara pranidhāna : les deux socles précédents posés, il est possible d'accéder au lâcher prise, qui nous amène à nous abandonner à l'imprévisible Ici et Maintenant. Sont vécu des moments, auparavant jugés inconfortables, qui apparaissent comme étant vécu désormais sans peur, sans émotion particulièrement difficile, voir sans émotion. Des instants où le temps semble être arrêté, l'espace s'est agrandi, où l'on est simplement là, à respirer, à être. Pour moi, c'est à ce moment qu'on rencontre son âme et que l'on commence à expérimenter la vie avec elle. Alors tout ce qui est en bas est comme tout ce qui est en haut…
Enfin la volonté doit être portée, non sur l'idée d'atteindre quelque chose, mais sur la persévérance à avancer sur le chemin avec “sthira”, fermeté et détermination, tout en gardant “sukham”, car le chemin de la vie ne peut s'emprunter sans joie. C'est un appel."
Illustration dessinée par Axelle, professeur de yoga en première année de formation dans l'Ecole de Yoga Catherine Douat, © copyright Janvier 2024